Ada Lovelace a un nom magnifique. « Ada » claque et « Lovelace » enlace, embrasse. Un beau nom d’héroïne romanesque.
En effet, Ada est une héroïne, et plusieurs romans lui ont été consacré. Mais Ada est « une personne réelle », bien qu’elle soit d’une certaine façon, à l’origne des mondes virtuels dans lesquels on évolue aujourd’hui.
Son nom complet est « Augusta Ada Byron », née le 10 décembre 1815. Le patronyme « Byron » vous dit peut-être quelque chose, c’est le nom d’un poète anglais, Lord Byron. C’est son père. En 1835, elle se marie et prend le nom de son époux, King. Ada King, c’est pas mal non plus. En 1938, son mari est fait « comte de Lovelace » (Ada en fait descendait de la lignée des barons Lovelace qui s’était éteinte en 1736). Nous voyons qu’Ada navigue dans du « beau monde », en tout cas des noms « qui comptent », à son époque.
L’histoire retiendra le nom d’Ada Lovelace.
Qui était Ada ?
Ada est une mathématicienne. Et une poète. Elle aimait mêler les deux.
Son père, Lord Byron était un poète romantique très connu, mais violent, alcoolique et fou. Sa femme et lui se sont séparés tôt et Ada l’a peu connu. Sa mère, Anna Isabella Milbanke, Lady Byron, était également une mathématicienne. Elle était surnommée « la princesse des parallélogrammes ». En tout cas, ce n’était pas une rigolote et ses relations avec Ada n’ont pas été sous le signe de l’amour et de la bienveillance.
Ce qu’on peut lire ou écouter sur la vie d’Ada est assez terrible, et merveilleux en même temps. Elle n’a vécu que 36 ans, mais quelle aventure!
Ce qui me plaît chez elle, c’est son goût pour les mathématiques et la poésie, et les liens qu’elle tisse entre les deux.
Quand elle pense les nombres, Lovelace se fait philosophe. Rêve d’un « espace mathématique pur », compare les motifs algébriques à des fleurs que l’on tisse. « Elle a imaginé une machine qui serait capable de créer, en partenariat avec le cerveau humain, des musiques et des langages jusque là inconnus », extrait du livre de Catherine Dufour, Ada ou la beauté des nombres.
Ada est la première personne a avoir écrit un programme informatique. C’est une pionnière de l’informatique. Cette femme mélancolique, dans ses robes à frou frou, était un génie mathématique, et un prophète de l’âge informatique. Un langage informatique porte son nom Ada, et depuis 2008, le second mardi d’octobre est devenu le jour d’Ada Lovelace (ALD), pour célébrer les travaux des femmes en sciences, car encore aujourd’hui, elles ont du mal à se faire reconnaître. Ada est morte en 1852, mais ses publications et ses travaux n’ont été reconnus que bien plus tard. Elle a travaillé avec Charles Babbage, lui bien connu à son époque et encore aujourd’hui, personne hors norme également qui a conçu le premier ordinateur, mais faute de moyens techniques suffisants à l’époque n’a pu la construire. Il a conçu « une machine analytique », un premier ordinateur, et Ada a écrit le premier programme. Beau couple !
Il faut un roman pour raconter la vie d’Ada. Tel n’est pas mon propos ici. Seulement vous donner envie d’en savoir plus, et rendre hommage à une femme remarquable.
Je vous conseille d’écouter le podcast de France Culture sur Ada, ou de lire la biographie de Catherine Dufour.
Encore aujourd’hui, il y a peu de femmes mathématiciennes, et très peu connues et reconnues. Quand on regarde les prix importants décernés aux mathématiciens, par exemple La médaille Fields ou le prix Abel, il y a peu de femmes, c’est un euphémisme. Une seule femme sur 60 médaillés Fields (le prix existe depuis 1936), Maryam Mirzakhani, mathématicienne iranienne décédée en 2017 et une seule femme sur 18 (le prix existe depuis 2003) pour le prix Abel, Karen Ulhenbeck, mathématicienne américaine (USA), encore en vie.