AOR ou Agnès-Olga Rigny
Enfant, j’adorais lire et me raconter des histoires.
Adolescente, j’écrivais des poèmes et je découvrais l’inconscient. Pour moi les deux étaient les deux faces d’une même réalité. Je découvrais les surréalistes, la poésie libre, les existentialistes, l’art abstrait et Salvador Dali.
Mais comment oser exister à côté d’eux ? A quoi bon ? Pendant longtemps, j’ai en effet cru que le résultat importait plus que le processus. J’ai enfoui ma part créatrice.

J’ai étudié les mathématiques. parce que j’étais bonne en maths, parce que je voulais devenir indépendante rapidement. Et en effet, j’ai intégré l’ENS Saint Cloud à 19 ans et gagné ma vie comme prof de maths.
Puis je suis « rentrée dans le rang ».J’ai enfermé l’artiste en moi, au profit de « la sérieuse prof de maths et mère de famille ». En rêvant d’autre chose, mais il me semblait que « c’était trop tard ».
Mais ce n’est jamais trop tard. Un jour, comme une urgence à créer. J’ai d’abord écrit de courts poèmes, faute de temps à m’accorder, troois lignes sur le coin d’une table, entre deux copies. Puis quelques histoires plus longues, puis j’ai considéré d’un autre œil les gribouillis que je faisais à tout bout de champ, dans des réunions, en écoutant des cours, des conférences et même des candidats pendant les oraux de concours. (Ce qui ne m’empêchait pas d’écouter, au contraire…)
L’envie de créer a été de plus en plus forte. L’artiste en moi a cogné à la porte, elle voulait sortir, se déployer. Alors j’ai décidé de l’écouter et de la prendre au sérieux. J’ai cessé de me cacher, de me dire que c’était trop tard. J’ai donné de l’espace à la créativité. J’ai cessé de me juger. J’ai laissé ma part d’ombre s’exprimer. Je suis devenue Agnès-Olga. Je crée, je le propose, le reste de me regarde pas. J’expérimente, je cherche. Je me considère comme une chercheuse. Je suis un thème et je l’explore. Et la créativité c’est aussi un espace de liberté. Je vais d’une idée à l’autre, je progresse, je découvre, j’apprends, j’arrête, je reprends. J’ai surtout compris que le plus important c’est l’acte même de créer !
Créer, c’est exister pleinement. C’est aussi résister.
Résister parce que créer est « inutile », que ça demande du temps et qu’une machine le ferait peut-être mieux. So what ?
Prendre le temps, écrire et dessiner à la main, rêver sur une branche d’arbre, des couleurs. Lire toujours. Chercher du sens, ne plus le chercher, se laisser embarquer par la Vie.
Et par dessus tout, faire le choix de la Joie, de l’Amour et de la Beauté.
Et les maths ? Les maths ne sont jamais loin de mes créations. Parce qu’au pays des maths, il n’y a pas de frontière, il y a de la beauté, de la joie et des symboles à déchiffrer.