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la bibliothèque des légendes

Publié le 13/05/2025

Enfant, Olga aimait lire et se raconter des histoires. Arrivée à l’âge où il est demandé de choisir « ce qu’on veut faire dans la vie », elle fût bien ennuyée. « De quelle histoire ai-je envie d’être l’héroïne ? Il y a tant de merveilleux livres ! ».

Un jour qu’elle déambulait au hasard, elle prit une petite rue qu’elle n’avait jamais vue. Au bout de cette rue, il y avait une grande porte en bois. Sur le fronton, était écrit « Bibliothèque des légendes personnelles », et en dessous « Entre et tu trouveras ».

Olga, poussée par la curiosité ouvrit la porte. Il y avait un long couloir, au bout duquel elle apercevait un jardin. C’était comme le jardin d’un cloître, avec une galerie et des portes de couleurs différentes dans les murs. Il était de forme hexagonale, et il y avait deux portes sur chaque mur.

Elle choisit la première porte qui était bleue.

Elle arriva dans une immense pièce, entièrement tapissée de livres. Un drôle de petit bonhomme à lunettes était assis derrière un bureau.

-Que cherches-tu ? Ici c’est la salle des aventuriers. Veux-tu être une aventurière ?
-Je ne sais pas, répondit Olga. Il y a tant de livres. Comment choisir ?
– Mais enfin, il ne s’agit pas de rentrer dans un livre, il s’agit d’écrire ton propre livre. Les livres de cette bibliothèque sont les vies de chaque être humain depuis le commencement. La bibliothèque comporte d’innombrables salles. Chaque salle donne sur deux jardins, et chaque jardin mène à douze salles. Chaque pièce correspond à un style de vie. Les vies de sorcière, les vies de scientifiques, les vies de mère de famille, les vies de femmes politiques, les vies de sacrifices, les vies d’artistes…
Dans une de ces pièces, il y a une place pour le livre que tu vas écrire. Tu dois la chercher et la trouver. Tu sauras alors quelle vie tu veux vivre, quelle histoire tu dois écrire.

Olga était désemparée. Il y avait certainement plusieurs milliers de pièces. Comment s’y prendre ?
Elle revint sur ses pas et s’assist dans le jardin. Elle était découragée.
Une belle jeune femme s’approcha d’elle.

-Que se passe-t-il ? Pourquoi es-tu triste ?
– Il y a trop de pièces, je ne peux pas toutes les parcourir. Comment savoir où est ma légende personnelle ?
-Ah ah, tu as rencontré Ernest ? C’est un vieux bonhomme, il radote un peu. Tu peux t’y prendre autrement.
-Ah oui ?
– Oui, tu n’as qu’à ouvrir la porte avec la couleur qui te plaît le plus, tu prends un livre et tu rentres dedans. Tu n’es pas obligée d’écrire ta propre histoire ! Plus personne ne fait ça.
-Ah bon, d’accord.

Alors Olga entra poussa la porte rose, prit un livre et rentra dedans.

C’était une belle histoire, tout le monde, ses parents en particulier – la félicita.
Pourtant, au fil des années, elle se rendit compte qu’elle n’était pas vraiment heureuse. Quelque chose clochait. Mais quoi ?

Les année passèrent, et elle se retrouva grand-mère. La première fois qu’elle rencontra son petit-fils, il la regarda d’un regard profond, qui la transperça. Elle entendit une voix : « mais qu’est-ce que tu fais dans ta vie ? Je ne m’attendais pas à ça ». Son petit-fils continuait de la regarder, et elle crut voir un éclair malicieux dans ses yeux. Mais les bébés d’un jour ne savent pas parler non ?

Elle sortit de la maternité perturbée. Elle alla se promener pour se changer les idées, et se perdit dans la ville. Elle se retrouva devant une porte en bois qui lui sembla familière.

« Mais oui, se dit-elle, c’est la grande bibliothèque des légendes personnelles dans laquelle je suis rentrée il y a bien longtemps ! Voyons ce que c’est devenu. »

Elle poussa la porte, traversa le couloir et se retrouva dans le jardin. Elle s’assit. Une douce lumière de fin d’après-midi nimbait les fleurs d’or. Les parfums chatouillaient délicieusement ses narines. Elle se sentit joyeuse et légère.
Une vielle femme très belle s’approcha d’elle.

– Alors Olga, es-tu satisfaite de ton livre ?
– Non, répondit Olga. C’est un beau livre, tout le monde me félicite, mais il y a quelque chose qui coche.
– Olga, tu as choisi la facilité à l’époque. Personne ne peut être heureux dans un livre écrit par un autre.
– Mais comment aurais-je pu faire ? Je n’avais pas le temps ni le courage.
– Olga, ce qui est fait est fait. Tu es revenue et maintenant tu vas t’y mettre.
– Mais il n’est pas trop tard ?
– Il n’est jamais trop tard.
– Comment puis-je m’y prendre ?
– Dans le jardin, cherche une fleur spéciale. Cueille-la et rentre dans une pièce, celle qui t’attirera. Sans réfléchir. Laisse toi guider par la fleur.
– Mais comment vais-je reconnaître la fleur ?
– Olga, cesse de poser des questions. Lève-toi et cherche. Fais-moi confiance. Promène-toi dans le jardin, ouvre tes yeux, tes oreilles et surtout ton cœur. La fleur t’appellera, tu n’auras aucun doute quand tu la verras.

Olga était très étonnée. Dans le livre dans lequel elle vivait, personne ne faisait comme ça. Les gens étaient rationnels et scientifiques et elle était elle-même une grande scientifique très rationnelle. Pourtant, elle fit confiance à la belle vielle femme. Et en effet, en se promenant dans le jardin, elle vit la fleur spéciale. Elle la cueillit et fit le tour de la galerie. Elle choisit une porte d’une belle couleur dorée.

 Elle l’ouvrit et se retrouva dans une grande bibliothèque. Elle regarda la fleur. Elle était toute ratatinée. « Bon, se dit-elle, ça ne doit pas être ici. Pourtant j’ai cru écouter mon intuition… Continuons.

Au fond de la bibliothèque, elle aperçut un autre jardin, elle y alla. Elle se commença à se promener dans la galerie. Devant chaque porte, elle regardait sa fleur. Elle remarqua qu’elle brillait particulièrement devant une petite porte violette. Elle la poussa et entra. Elle se sentit immédiatement bien dans cette pièce. Il n’y avait pas beaucoup de livres sur les étagères. Un petit bureau était installé devant une grande baie vitrée qui donnait sur la mer. Sur ce bureau, elle vit un cahier relié en cuir rouge, et un encrier, un porte-plume, des plumes et un buvard. Une tasse de thé fumante l’attendait.

Elle posa la fleur sur le sol à côté du bureau. Elle prit aussitôt racine, et s’épanouit en un bel arbuste fleuri.

Olga sourit. « Je pense que je suis arrivée. »

Elle s’assit, ouvrit le cahier, trempa la plume dans l’encrier et commença à écrire :

LEGENDE PERSONNELLE D’OLGA

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